Le Canada et la Première Guerre mondiale

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Lord Beaverbrook, un millionnaire canadien expatrié, employa des artistes, des photographes et des cinéastes pour illustrer la guerre pour les générations futures.

Lord Beaverbrook

Max Aitken avait gagné des millions de dollars au Canada au tournant du siècle grâce à l’achat, à la fusion et à la vente de compagnies. Entrepreneur habile aux ennemis puissants, il quitta le Canada en 1910 pour la Grande-Bretagne, où il ne tarda pas à être anobli et élu député, et où il commença à acheter des journaux. On lui conféra le titre de pair à la fin de 1915 et il choisit le titre de lord Beaverbrook.

Beaverbrook fut une force importante au sein des conservateurs de Grande-Bretagne, mais quand la guerre éclata en août 1914 il ne fut pas invité à entrer dans le cabinet de guerre. Se cherchant une fonction, il se tourna vers le Canada, faisant appel à son ami Sam Hughes, le ministre de la Milice et de la Défense. Hughes fit de Beaverbrook son « témoin oculaire » outre-mer, avec pour mandat de transmettre au pays des renseignements sur la guerre. Beaverbrook élargit son rôle pour devenir historien et publicitaire pour les forces canadiennes. Il écrivit dans les journaux des reportages dignes d’éloges sur les Canadiens au combat, soulignant leur caractère distinctif par rapport aux soldats britanniques. Ces reportages furent suivis d’histoires contemporaines, d’un journal semi-officiel et d’une série de publications commémoratives additionnelles.

Au début de 1918, Beaverbrook créa le Bureau canadien des archives de guerre avec son propre argent. Le BCAG fit la publicité du rôle des Canadiens et réunit et créa des archives pour documenter la guerre.

Des archives de guerre officielles

En dépit de son influence, Beaverbrook eut de la difficulté à convaincre le ministère de la Guerre de l’importance de documenter la guerre. Le ministère de la Guerre appréhendait la révélation de secrets militaires à l’ennemi et la perte du contrôle de l’information venant du front. Beaverbrook fut empêché au début de 1916 de faire venir photographes, cinéastes et artistes de guerre au front, mais il refusa tout compromis et sollicita finalement l’aide de politiciens canadiens et britanniques. À l’été 1916, il obtint gain de cause.

Certains soldats avaient apporté de petits appareils-photo dans les tranchées au début de la guerre, mais en mars 1915 un ordre du haut commandement britannique interdit au personnel de posséder des appareils-photo personnels dans les tranchées de peur de livrer des renseignements précieux à l’ennemi. Sa mise en vigueur eut pour résultat de rendre exclusives quelques photos illégales pour représenter le front du début du conflit jusqu’au moment où les photographes officiels arrivèrent à l’été 1916. Après cela, des photographes officiels immortalisèrent les Canadiens sur la ligne de front et derrière. Des cinéastes se joignirent à eux sur le champ de bataille à temps pour filmer les Canadiens dans la Somme. Les photos et les séquences filmées étaient étonnamment bonnes, mais il était toujours difficile de saisir les soldats au combat, car la fumée, la poussière, les explosions, la faiblesse de la lumière, la grosseur de l’équipement et les tirs ennemis ne contribuaient guère à la qualité des photos ou des films. Mais les photographes et les cinéastes ne se découragèrent pas et prirent 7900 photos et tournèrent des milliers de pieds de pellicule.

Le Fonds de souvenirs de guerre

Beaverbrook créa également le Fonds de souvenirs de guerre canadiens en 1916 pour commander à des artistes de guerre officiels des œuvres représentant l’effort de guerre canadien. Le programme d’art militaire officiel en viendrait à employer près de 120 artistes, pour la plupart britanniques ou canadiens, qui créèrent près de 1000 œuvres d’art. Un bon nombre de peintres étaient canadiens, dont les futurs membres du Groupe des Sept A.Y. Jackson, Frederick Varley et Arthur Lismer. Les œuvres représentaient en général les forces combattantes et la géographie outre-mer, mais d’importants artistes tels que Mable May et Manly MacDonald peignirent des femmes dans des usines et des champs au Canada.

Legs

Les programmes de Beaverbrook laissèrent un émouvant legs visuel de la guerre quand ses photos, ses films et son art militaire retournèrent à Ottawa. Il fut possible d’acheter des copies des photos jusqu’au milieu des années 1920, avant qu’elles ne soient transférées aux Archives publiques du Canada (maintenant Bibliothèque et Archives Canada). La collection de films disparut pendant des années et ne fut retrouvée que pendant les années 1930, quand elle servit à produire un film de guerre officiel, Lest We Forget (1935). Elle fut plus tard transférée à l’Office national du film et aux Archives publiques du Canada, mais une grande partie fut détruite dans un incendie pendant les années 1960.

Les œuvres d’art militaire eurent une existence aussi tumultueuse. Beaverbrook avait espéré que la collection soit abritée dans un nouveau musée national de la guerre, mais les gouvernements successifs refusèrent d’y consacrer des fonds. Les œuvres languirent dans les sous-sols et les chambres fortes de la Galerie nationale (l’actuel Musée des beaux-arts du Canada), rarement vues par les Canadiens. Au début des années 1970, la plupart furent transférées au Musée canadien de la guerre, qui avait rouvert ses portes en 1942. Ces dernières années, des centaines d’œuvres ont été restaurées ou présentées dans des expositions permanentes et itinérantes, ou prêtées à des établissements à travers le Canada.

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