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Introduction La côte ouest L’Asie du Sud-Est et le Pacifique Conclusion
Le Canada en guerre contre le Japon
1941-1945
Le Canada a été en guerre contre le Japon de décembre 1941 à aout 1945. Ce conflit a eu de graves conséquences d’une grande portée au Canada et à l’étranger.
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Dans les années 1930, le Japon avait des visées expansionnistes. En plus de prendre à la Chine une partie de son territoire, il est entré en guerre contre elle en 1937. En 1940, il s’est joint aux forces de l’Axe de la Seconde Guerre mondiale, aux côtés de l’Allemagne et de l’Italie.

En décembre 1941, le Japon s’est engagé à fond dans la guerre, attaquant des cibles britanniques, américaines et néerlandaises en Asie et dans le Pacifique. Du côté des Alliés, le Canada a mobilisé des unités et du personnel militaires dans la guerre contre le Japon.

La côte ouest

Le Canada a commencé à renforcer ses défenses sur la côte ouest en 1939. Il a intensifié ses efforts quand les tensions avec le Japon se sont accrues en 1941. Sous le coup de craintes infondées et motivées par le racisme, le Canada a aussi déraciné des Canadiens japonais et les a déplacés de force, les éloignant de la côte.

Défendre la côte ouest

Le Canada a déclaré la guerre au Japon le 7 décembre 1941. Redoutant une attaque japonaise sur la côte ouest, il y a consolidé ses défenses terrestres, maritimes et aériennes. Des sous-marins japonais parcouraient les eaux côtières, mais le Japon n’a jamais lancé d’attaque majeure.

Ce canon de 8 pouces à Christopher Point, en Colombie-Britannique, faisait partie de l’arsenal de défense côtière du Canada.

Des membres du Service féminin de la Marine royale du Canada à côté du canon principal, de 4 pouces, du NCSM Nanaimo.

Défendre la côte ouest

La télégraphiste Frances Gage, du Service féminin de la Marine royale du Canada

Pour défendre la côte, des Canadiens et des Canadiennes ont travaillé en étroite collaboration avec leurs alliés américains. Frances Gage, membre du Service féminin de la Marine royale du Canada, a contribué à ces efforts. Radiotélégraphiste formée au Canada, elle a été envoyée à l’île Bainbridge, à l’ouest de Seattle, dans l’État de Washington. Son rôle consistait à écouter les signaux radio des navires et sous-marins japonais pour recueillir des renseignements au profit des Alliés.

Frances Gage en uniforme

Après la guerre, Frances Gage est devenue une sculptrice de renom. Elle a réalisé cette œuvre installée à Galt, en Ontario, qui rend hommage au Service féminin de la Marine royale du Canada.

Le capitaine Harold Cross

Vers la fin de la guerre, le Japon a lâché des ballons-bombes qui ont traversé le Pacifique, emportés par les vents à haute altitude. Au moins 80 ont atteint le Canada, atterrissant parfois dans des régions éloignées. Harold Cross faisait partie d’une des équipes d’intervention. Il devait, entre autres, désamorcer les bombes non explosées et recueillir les renseignements que livraient les éléments subsistants.

Il a gardé des souvenirs de ses expériences, dont des photographies, des diagrammes et des fragments de débris de ballons-bombes.

Harold Cross avec des éléments d’un ballon-bombe japonais

Diagramme d’un ballon-bombe japonais

Zema Barbara « Bobs » Cogill Haworth

La peintre et sculptrice Bobs Cogill Haworth et son mari, Peter, figuraient parmi les artistes civils auxquels on a commandé des œuvres pour documenter l’effort de guerre au Canada. Ils ont représenté des activités militaires en Colombie-Britannique et dans les Maritimes.

De nombreux tableaux de Bobs Cogill Haworth montrent les opérations de l’Aviation royale du Canada en Colombie-Britannique et en Alaska dans le cadre de la guerre contre le Japon.

Des Hurricane, à Patricia Bay

La baie Alliford

Déplacement forcé de Canadiens japonais

Des rumeurs infondées, alimentées par le racisme, présentaient les Canadiens japonais comme d’éventuels espions et saboteurs. En 1942, cédant aux pressions du public et d’enjeux politiques, le gouvernement fédéral a ordonné le déplacement de quelque 22 000 Canadiens japonais d’une zone de 160 kilomètres de profondeur le long de la côte de la Colombie-Britannique.

Les personnes déplacées n’étaient autorisées à prendre que quelques effets personnels. Elles ont vu leurs autres biens confisqués et vendus à un prix inférieur à celui du marché. En 1988, elles ont réussi à obtenir réparation – des excuses du gouvernement canadien et un dédommagement.

Des Canadiens japonais à Lemon Creek, en Colombie-Britannique, après leur déplacement forcé.

Déplacement forcé de Canadiens japonais

David Suzuki, Ph. D.

David Suzuki et sa famille ont été déplacés de force dans un camp d’internement à Slocan City, en Colombie-Britannique.

Au début de 1945, les Suzuki, comme d’autres internés, ont été obligés de choisir entre une réinstallation plus à l’est au Canada ou l’expulsion au Japon. Après la guerre, ils se sont installés à London, en Ontario. David Suzuki est devenu scientifique, communicateur et un éminent défenseur de l’environnement. Il a dit plus tard que le déplacement forcé des Canadiens japonais était un des chapitres les plus ignobles de l’histoire tortueuse de la démocratie en Amérique du Nord.

David Suzuki et deux de ses sœurs dans un camp d’internement à Slocan City, en Colombie-Britannique, entre 1942 et 1945.

David Suzuki (au premier plan, au centre) et Art Miki (au premier plan, à droite), alors président de l’Association nationale des Canadiens japonais, à un rassemblement tenu sur la Colline du Parlement en vue d’obtenir réparation du gouvernement canadien pour ses actions durant la guerre, 1988.

La campagne des îles Aléoutiennes

Le 15 aout 1943, des forces américaines et canadiennes ont débarqué sur l’île Kiska, au large de l’Alaska, l’une des deux îles Aléoutiennes dont le Japon s’était emparé en juin 1942. Cette opération suivait une attaque couronnée de succès, mais coûteuse, lancée par les Américains sur Attu, l’autre île occupée. Cependant, à leur arrivée à Kiska, les Alliés ont découvert que les Japonais avaient déjà secrètement évacué l’île.

Des soldats canadiens portant des casques américains, et munis d’armes et d’équipement américains, débarquent aux îles Aléoutiennes, aout-septembre 1943.

La campagne des îles Aléoutiennes

Le capitaine Edward John « E. J. » Hughes

E. J. Hughes a été un des premiers artistes de guerre officiels du Canada pendant la Seconde Guerre mondiale. Nommé en février 1942, il a représenté des activités militaires au Canada et en Grande-Bretagne avant d’être envoyé aux îles Aléoutiennes en 1943.

Il y a réalisé de nombreux dessins et tableaux montrant des soldats canadiens en patrouille sur le terrain montagneux de l’archipel et dans l’environnement hivernal.

E. J. Hughes dans son atelier à Ottawa, avec des tableaux représentant des scènes d’opérations aux îles Aléoutiennes, 1946.

Les guetteurs à Barley Cove

Panorama, port de Kiska

Changement de cap

Au printemps 1945, le conflit en Europe tirant à sa fin, le Canada réorientait son effort de guerre vers la lutte contre le Japon. Des navires, des avions et du personnel de l’armée se préparaient à rejoindre les Canadiens qui combattaient déjà contre le Japon. La guerre se terminerait avant l’engagement de ces forces supplémentaires.

Des bombardiers Lancaster de l’escadron 428 de l’Aviation royale du Canada quittent le Royaume-Uni pour le Canada en vue d’opérations aériennes contre le Japon. 

Le jour de la victoire des Alliés sur le Japon souligné au Canada

La nouvelle de la capitulation du Japon est parvenue en Amérique du Nord le 14 aout 1945. Le lendemain, partout au Canada, on a célébré la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Célébrations du jour de la victoire des Alliés sur le Japon, Ottawa, le 15 aout 1945.

L’Asie du Sud-Est et le Pacifique

Les Canadiens ont affronté le Japon à Hong Kong et ailleurs en Asie du Sud-Est et dans le Pacifique.

Hong Kong

En octobre 1941, le Canada a envoyé près de 2 000 renforts à la colonie britannique de Hong Kong. Le 8 décembre 1941 (le 7 décembre en Amérique du Nord), le Japon a attaqué. Le 25 décembre, après d’âpres combats, la garnison alliée s’est rendue. Les Canadiens ont perdu 290 hommes dans la bataille. Les survivants ont été faits prisonniers.

Arrivée des soldats du Royal Rifles of Canada et du Winnipeg Grenadiers à Hong Kong, le 16 novembre 1941. 

Des soldats canadiens s’entraînant sur l’île de Hong Kong avant l’invasion japonaise de décembre 1941

Les tombes de deux militaires canadiens tués au combat à Hong Kong

Les Canadiens à Hong Kong

L’Asie du Sud-Est

Quelque 8 000 Canadiens ont servi en Asie du Sud-Est, en Inde et à Ceylan (aujourd’hui Sri Lanka). Bon nombre étaient membres de l’Aviation royale du Canada (ARC), souvent affectés à des unités britanniques. Les escadrons 435 et 436 de l’ARC ont transporté de l’équipement et du personnel en Inde et en Birmanie (le Myanmar actuel), alors que l’escadron 413 patrouillait dans l’océan Indien, à la recherche de navires et de sous-marins japonais.

Des Canadiens posant avec un Dakota, un avion de transport, de l’escadron 435 et un camion-citerne à carburant, 1945.

Les Canadiens dans le Sud-Est asiatique

Le major Charles Ferguson Hoey, V.C.

Le major Charles Ferguson Hoey, originaire du Canada, s’est engagé dans l’Armée britannique en 1933. Il a été affecté en Inde en 1937, puis, en 1942, en Birmanie (le Myanmar actuel). Les deux faisaient partie de l’Empire britannique.

En février 1944, Hoey a dirigé une attaque contre une place forte japonaise. Il a tué tous les défenseurs mais a été mortellement blessé. Pour ses actes, Hoey a reçu la Croix de Victoria, la plus haute distinction décernée par le Commonwealth pour des actes de bravoure.

Le major Charles Ferguson Hoey, vers 1944.

Étiquette portant l’adresse des parents de Charles Ferguson Hoey, en Colombie-Britannique, utilisée pour leur envoyer les effets personnels de leur fils

Les Canadiens dans le Pacifique

En février 1945, le croiseur canadien NCSM Uganda a rejoint la flotte britannique dans le Pacifique, où il a combattu contre les forces japonaises.

Dès avril 1945, tous les militaires canadiens qui partaient à la guerre dans le Pacifique devaient se porter volontaires pour ce service. Cela s’appliquait aussi aux membres de l’équipage de l’Uganda, même s’ils étaient déjà engagés. Ils ont voté, et la majorité d’entre eux ont refusé de combattre pour diverses raisons, dont les mauvaises conditions de service. L’Uganda est revenu au Canada après le vote.

Le NCSM Uganda quand il servait au sein de la flotte britannique dans le Pacifique 

Les Canadiens dans le Pacifique

Prisonniers de guerre

Les survivants des camps de prisonniers japonais sont sortis de leur captivité en très mauvais état mental et physique. Ils avaient été brutalisés par certains des Japonais qui les gardaient captifs, et étaient affaiblis par la maladie et la malnutrition. Parmi les 1 689 Canadiens pris à Hong Kong par les Japonais en 1941, un peu plus de 1 400 ont survécu à l’épreuve.

Prisonniers de guerre canadiens et américains, camp Tokyo 5B, Niigata, Japon.

Le carabinier Percy Wilmot

Vétéran de la Première Guerre mondiale, Percy Wilmot a également servi durant la Seconde Guerre mondiale. Il se trouvait parmi les Canadiens envoyés à Hong Kong en 1941. Après avoir été blessé dans les combats, il a été fait prisonnier de guerre. Comme d’autres prisonniers alliés, il a souffert de malnutrition et de maladies, et a subi de mauvais traitements. Il ne s’en est jamais complètement remis.

Après sa libération, quand il était dans un hôpital américain, Wilmot a écrit à son fils, Stan, et lui a dit : « Les Américains sont très gentils avec nous… et je n’oublierai jamais leur gentillesse. »

Percy Wilmot en uniforme avant son départ pour Hong Kong

Lettre de Percy Wilmot à son fils, Stan, 15 septembre 1945

Les Canadiens d’origine chinoise

Malgré une discrimination et un racisme très répandus, notamment des obstacles à l’enrôlement, entre 600 et 800 Canadiens d’origine chinoise ont servi pendant la Seconde Guerre mondiale. Environ 150 d’entre eux ont été affectés à la Force 136, qui faisait partie du Special Operations Executive britannique. Ils ont reçu une formation particulière pour des missions secrètes derrière les lignes ennemies dans les territoires occupés par les Japonais.

Après la guerre, les anciens combattants canadiens d’origine chinoise ont contribué à faire changer nombre des limites discriminatoires que le Canada imposait en matière d’immigration et de citoyenneté.

Des volontaires de l’opération Oblivion, qui a précédé la Force 136, à Darwin, en Australie.

Le lieutenant William King Lowd Lore

« Je suis officier de la marine canadienne et je suis là pour vous libérer. N’êtes-vous pas contents de me voir? » C’est ainsi que William King Lowd Lore a salué des prisonniers de guerre canadiens à Hong Kong qui attendaient leur libération depuis près de quatre ans.

Premier Canadien d’origine chinoise à s’engager dans la Marine royale du Canada, Lore a servi comme officier du renseignement au Canada, en Angleterre et en Asie du Sud-Est. Il avait le grade de capitaine de corvette quand il s’est retiré de la marine après la guerre.

William King Lowd Lore en uniforme

Compte rendu de la journée du 31 aout 1945, par William King Lowd Lore

La victoire contre le Japon

L’été 1945, les forces alliées se rapprochaient du Japon, lançant des attaques aériennes destructrices et imposant un blocus naval implacable. Après les bombardements atomiques de Hiroshima et de Nagasaki, et l’attaque massive qu’a menée l’Union soviétique contre la Mandchourie, alors occupée par les Japonais, le Japon a capitulé le 15 aout 1945. La reddition officielle a eu lieu le 2 septembre.

Les cérémonies de reddition vues de la superstructure de l’USS Missouri, le 2 septembre 1945.

Le colonel Lawrence Moore Cosgrave

Lawrence Moore Cosgrave, attaché militaire canadien auprès de l’Australie, a représenté le Canada lors de la reddition officielle du Japon. Puisqu’il avait une déficience visuelle dans un œil, aggravée par une blessure subie au combat durant la Première Guerre mondiale, il n’a pas signé au bon endroit sur un exemplaire de l’acte de reddition.

Le rapport sur l’événement que Cosgrave a envoyé à Ottawa commence par ces mots : « Cérémonie de reddition tenue ce matin. »

Lawrence Moore Cosgrave (assis) signant l’acte de reddition à bord de l’USS Missouri, le 2 septembre 1945.

Message envoyé par Cosgrave au ministère des Affaires extérieures du Canada après la reddition du Japon, le 2 septembre 1945.

Le monde d’après-guerre

La reddition du Japon a mis officiellement fin à la Seconde Guerre mondiale. Ce conflit sans précédent quant à la destruction et au nombre de victimes a eu des répercussions durables sur le monde ainsi que sur le Canada et sa population.

La guerre a tué de 50 à 80 millions de personnes, en plus de renverser ou d’affaiblir des empires coloniaux. Le Japon a été totalement vaincu, mais le pays a été rebâti rapidement et est devenu une puissance économique.

La guerre a aussi transformé le Canada à bien des égards. Ayant joué un rôle dans la victoire des Alliés, le pays a réclamé une voix plus forte dans un monde qui avait connu des bouleversements spectaculaires. Les anciens combattants, notamment les prisonniers de Hong Kong, sont rentrés avec des blessures physiques et psychologiques. La plupart des Canadiens et des Canadiennes étaient fiers de leurs contributions, y compris le travail sur le front intérieur et le service en uniforme, mais le coût de la victoire les attristait. Tous se demandaient ce que leur réservaient les années à venir dans un monde qui serait bientôt aux prises avec la Guerre froide.

Marins canadiens à la Croix du Sacrifice, au cimetière militaire de Sai Wan, à Hong Kong.