Visez juste

Le 26 août 2010

Le parc interprovincial de Cypress Hills est reconnu pour être l’une des plus importantes réserves de ciel étoilé. On y vient donc, de nuit, observer l’immensité. Mais de jour, l’observateur vigilant pourrait être surpris par quelques « étoiles filantes » de tailles et de formes étonnantes : des drones. Un de ces curieux oiseaux de tôle vient de faire son entrée chez nous, au Musée canadien de la guerre. Portrait d’un artefact du XXIe siècle.

Les Prairies dans la mire

Tout d’abord…qu’est-ce exactement qu’un drone? Aussi appelé, dans le jargon technique UAV, pour Unmanned Aerial Vehicle, le drone est un petit avion sans pilote, utilisé pour faire du repérage, transmettre de l’information tactique…ou être tout simplement abattu dans des exercices de tir.

Le mot anglais « drone » signifie « faux bourdon », soit le mâle de l’abeille. On a d’abord utilisé ce nom au Royaume-Uni, dans les années 1930, par dérision : l’avion-cible Queen Bee, version automatisée du DH.82 Tiger Moth, avec son vol bruyant, lent et paresseux, ressemblait plus à un éphémère bourdon qu’à une reine abeille! Le terme est resté et même passé dans la langue française.

© SMCCAu fil des conflits, les drones passent de simples avions-cibles à de véritables bombes volantes radioguidées. Ils sont maintenant de tous les conflits et leur usage s’étend même au domaine civil : opérations de recherches aériennes et sauvetage, récolte de données météorologiques, relais d’informations.

Chez nous, la firme Meggitt Training Systems Canada, basée à Medicine Hat, fabrique des drones, dont le Vindicator II, avion-cible largement utilisé par les Forces armées canadiennes. Il sert de système d’entraînement pour la défense antiaérienne à basse, altitude, navale comme terrestre, et permet la formation élémentaire des opérateurs de CU-161 Sperwer, un drone de plus grande taille.

Drôle de drone

Le Vindicator II, comme le « faux bourdon », est donc condamné à mourir alors même qu’il accomplit ce pour quoi il a été créé… S’il est conçu pour que son fuselage soit réutilisable après un atterrissage en catastrophe, ses chances de survie demeurent minces. Difficile, donc, d’en posséder un… mais c’est sans compter sur la générosité de Meggitt Training Systems qui, le 3 juin dernier, faisait don d’un Vindicator II au Musée canadien de la guerre. Premier drone canadien produit à grande échelle, il se fait le témoin de l’ingéniosité et du savoir-faire des Canadiens dans le développement de la technologie militaire.

Le petit avion orange qui a été offert au Musée a une envergure de 2,52 m (8 pieds) et pèse 77,3 kg (170 livres). Lancé par procédé pneumatique au moyen d’une rampe mobile, il peut atteindre une vitesse maximale de 300 km/h et possède une autonomie de vol de 75 à 90 minutes. Son système de pilotage automatique lui permet de répéter un vol précis ou de le modifier. Et voilà les tireurs d’élite prêts à abattre ce drôle d’oiseau géant! À ce jour, plus de 500 d’entre eux sont « tombés au combat », sacrifices essentiels aux opérations militaires et à l’avancement des technologies.

C’est à la galerie LeBreton que le Vindicator II vous donnera bientôt rendez-vous. Avec sa gueule de requin orange, vous ne pourrez manquer la cible!