Un héritage historique gravé dans la pierre

Le 21 décembre 2016

Près du Mémorial de Vimy, en France, une croix celtique a été gravée sur de la pierre tendre. Bien que ces deux œuvres rendent hommage aux soldats canadiens morts pendant la Première Guerre mondiale, ils se différencient par leur emplacement : l’un se dresse solennellement dans la campagne française, tandis que l’autre est enfoui dans une grotte située sous le champ d’un paysan.

La croix est présentée dans Gravé dans la pierre – L’art souterrain de la Première Guerre mondiale, une exposition de photos et de reproductions 3D d’œuvres d’art et de graffitis laissés par les troupes canadiennes ayant participé à la bataille de la crête de Vimy, en 1917.

« Les Alliés utilisaient un réseau de carrières et de tunnels de craie désaffectés pour emmener et abriter les troupes près des lignes de front », explique Stacey J. Barker, historienne au Musée canadien de la guerre et conservatrice de l’exposition. « Restés intacts depuis près d’un siècle, ces endroits oubliés dévoilent les pensées et les préoccupations, le mal du pays et l’anxiété des soldats qui attendaient leur tour dans les tranchées. »

En l’honneur des camarades tombés au combat

La croix celtique est un mémorial dédié à trois soldats : James MacPhail (37 ans), un Écossais qui s’était enrôlé à Calgary, Thomas Whyte Milliken (29 ans), un enseignant de Strathroy, en Ontario, et John « Jack » McKague (23 ans), originaire d’Huntsville, en Ontario. Ces trois membres du 15e Bataillon (48th Highlanders) ont été tués par des éclats d’obus pendant qu’ils se dirigeaient vers la grotte de la Maison Blanche.

« Lorsque le 15e Bataillon est arrivé à la grotte, un compagnon d’armes — son nom est inconnu — a rendu hommage aux trois soldats décédés en gravant cette croix celtique, raconte Stacey J. Barker. Simple et néanmoins émouvant, cet acte dénote une réelle volonté de pleurer la mort des camarades tombés au combat et d’immortaliser leur mémoire. »

Contre l’oubli

Ailleurs dans ce monde souterrain se trouvait une boîte aux lettres fonctionnelle, sculptée par William Beckett et Thomas Mason, également du 15e Bataillon, et qui révèle l’importance de la correspondance avec les proches restés au pays. Une autre gravure rappelle la victoire des Alliés sur la crête de Vimy. L’artiste, le sergent James Robert Babcock, a reçu la Médaille de conduite distinguée pour avoir fait prisonnier, à lui tout seul, un officier et 41 soldats allemands; il les a fait sortir d’une cave à la pointe de sa baïonnette.

« Postés dans une zone de combat, les soldats savaient bien qu’ils pouvaient être tués à tout moment. Par conséquent, bien qu’elles semblent être le fruit de l’ennui, certaines gravures ont une signification plus profonde, fait remarquer Stacey J. Barker. Représentant des feuilles d’érable et des insignes de régiment, elles dénotent la fierté d’être un soldat canadien, tandis que d’autres, apparemment banales — visages, animaux d’élevage —, révèlent un profond désir de rentrer chez soi.

Même gravés grossièrement dans la paroi, le nom et le numéro matricule étaient un moyen de dire : “J’y étais.” J’ai participé à un événement important, dangereux et déterminant sur le plan historique. C’était un moyen de ne pas tomber dans l’oubli. »

Image :
Reproduction d’une gravure représentant une croix celte commémorative
Gravure originale d’un artiste inconnu, vers 1917
Imagerie 3D par CANADIGM
© CANADIGM 2016
Musée canadien de la guerre, CWM2016-0055-0009-Dm