Histoire et sandales

Le 22 octobre 2021

Bien que la Seconde Guerre mondiale ait pris fin il y a plus de 75 ans, pour Mary Murakami Kitagawa, les souvenirs de l’internement de sa famille sont encore vifs.

Mary, ses cinq frères et sœurs et sa mère ont vu le jour au Canada, tandis que son père était né au Japon. Lorsque le Japon s’est engagé dans la Seconde Guerre mondiale à la fin de 1941, le gouvernement canadien a déclaré que les personnes d’origine japonaise étaient des « étrangers ennemis ». En 1942, alors que Mary n’avait que 7 ans, la ferme familiale, la maison et tout son contenu ont été soudainement saisis et vendus.

Image de quatre sœurs debout devant la maison

Mary Murakami Kitagawa, 1940 – (deuxième à partir de la gauche) – Ganges, Colombie-Britannique – Avec l’aimable autorisation de Mary Murakami Kitagawa

En plus de se voir confisquer tous ses biens, la famille a été déplacée près d’une dizaine de fois entre 1942 et 1946. Bénéficiant d’une bonne éducation et d’une certaine prospérité avant la guerre, les parents de Mary Murakami ont dû se soumettre aux conditions difficiles et souvent insalubres des camps d’internement et à un travail physique exténuant dans les fermes de betteraves à sucre en Alberta, et ce, même après la fin de la guerre.

« Ma famille a été emportée loin de sa maison par cette tempête de haine, se souvenait Mary en 2019. Notre parcours à travers l’incarcération a été brutal et déshumanisant. »

Malgré le traumatisme du relogement forcé et de l’internement, les parents de Mary ont fait de leur mieux pour persévérer tout en conservant un sens de la famille. Reflétant l’amour d’un père pour ses enfants, l’un des objets les plus poignants de la prochaine exposition Libertés sacrifiées − La Loi sur les mesures de guerre est une paire de sandales pour enfants prêtées au Musée canadien de l’histoire par Mary. Fabriquées à la main par le père de Mary, les getas japonaises traditionnelles étaient faites de bois récupéré et étaient destinées à être portées tout l’été, préservant ainsi les chaussures des enfants pour les mois les plus froids. Le père de Mary a confectionné des getas pour l’ensemble de ses enfants; la petite paire présentée à l’exposition a été portée par son jeune frère, Richard.

Sandales en bois

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Des objets comme celui-ci sont une partie importante de Libertés sacrifiées. Le Musée est reconnaissant et apprécie les prêts et les dons de précieux objets de famille qui racontent l’histoire de notre pays. Les artéfacts donnent vie à notre histoire et, dans ce cas, les getas représentent une époque et un lieu où la Loi sur les mesures de guerre a été promulguée par le gouvernement fédéral; une époque où les familles canadiennes comme celle de Mary ont vécu une période de défis extraordinaires.

Pour Mary, bien que l’histoire soit ce qui vous façonne, ce n’est pas ce qui vous définit. L’amertume, a-t-elle dit, « ne faisait pas partie du vocabulaire de mes parents, qui croyaient fermement au pardon. »

Pour en savoir davantage sur l’histoire de Mary et sur celle d’autres Canadiennes et Canadiens d’origine japonaise, visitez Libertés sacrifiées − La Loi sur les mesures de guerre, qui ouvrira ses portes au Musée canadien de l’histoire en décembre 2021.Histoire et sandales

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