Guerre et paix

Le 26 mai 2010

Créé en 1880, le Musée canadien de la guerre fut d’abord le dépositaire d’artefacts de la milice. En 1967, il s’installe dans un ancien édifice des Archives, sur la promenade Sussex, mais l’espace restreint oblige à entreposer la plupart des collections dans un ancien garage de tramways… Quand, en 2001, le gouvernement fédéral approuve la construction d’un nouvel édifice vaste et moderne sur les plaines LeBreton, une grande aventure architecturale s’amorce. Inauguré en 2005, le Musée célèbre aujourd’hui ses cinq ans : découvrez son monde et ses merveilles!

« N’oublions jamais. »

Nous rêvons tous d’un monde de paix, où les guerres ne seraient qu’un lointain souvenir. Pourtant, force est d’admettre que la nature humaine ne voit pas toujours les choses ainsi. De guerre en guerre, le monde se construit, se déconstruit, se reconstruit. Et au cœur de ces conflits règnent la violence, la douleur, le sacrifice. C’est sur ces deux grands axes que fut érigé le nouveau musée : souvenir et régénération.

Sur le flanc de la grande pointe qui émerge de la terre, de petites fenêtres carrées forment un code Morse « N’oublions jamais. » Avant même d’avoir franchi les portes, le visiteur est ainsi invité à se souvenir. De ces conflits qui ont marqué l’histoire du Canada et du monde. De ces hommes, ces femmes et ces enfants qui ont vécu la guerre, de près ou de loin.

Le devoir de mémoire s’inscrit aussi dans l’émouvante salle du Souvenir. Oasis de paix et de recueillement, la petite pièce semble coupée du monde. Pour seule fenêtre, une étroite meurtrière qui, tous les 11 novembre à 11 h, laisse entrer un rayon de soleil qui éclaire le seul artefact dans cet espace de béton, d’ardoise et d’eau : la pierre tombale du Soldat inconnu. Pour que nous n’oubliions jamais…

« Du chaos naît une étoile »

Le souvenir est au cœur du mandat du Musée canadien de la guerre. Mais son architecture s’est aussi construite sur le thème de la régénération. L’architecte canadien Raymond Moriyama, concepteur de ce monumental édifice, a cherché dans la mémoire de la guerre un chemin vers la paix.

Intégrant la structure à son environnement, il a créé un des plus grands toits de verdure au Canada, sur lequel poussent les coquelicots. Et par les grandes fenêtres de la bibliothèque, les monticules verdoyants sont à l’image des champs de bataille crevassés par les bombes, mais sur lesquels la nature a repris ses droits.

Le cycle de la vie a aussi incité l’architecte à réutiliser le cuivre oxydé de l’ancien toit de la bibliothèque du Parlement pour couvrir le mur formant l’axe central du Musée – sa colonne vertébrale; ce mur traverse l’édifice, du foyer à la galerie LeBreton, passant par la salle du Souvenir et terminant sa course dans la salle de la Régénération.

Et c’est dans cette salle que s’exprime le mieux la frontière ténue qui sépare la guerre et la paix. La pointe, qui s’élance vers le ciel à plus de 24 mètres, abrite les modèles originaux des statues du Monument commémoratif du Canada à Vimy. Le majestueux espace est bercé par le sifflement du vent à travers la structure d’acier – enregistré pendant la construction -, qui est à la fois un mantra méditatif et un chant mélancolique.

De la mezzanine qui surplombe ces spectres de plâtre blanc, un point d’observation nous ramène au sens premier de cette magistrale édification : au-delà de la statue nommée L’Espoir, le regard est guidé vers la tour de la Paix…

Le Musée canadien de la guerre, jusque dans les détails de son architecture, nous dit ainsi que, malgré la guerre, il faut garder espoir en la nature humaine. Souvenir et régénération.