Borden et King : façonnés par la guerre

Le 1er mai 2013

Les premiers ministres du Canada du temps de guerre auraient très bien pu tomber dans l’oubli, n’eût été des luttes titanesques qui ont façonné et défini leurs années au pouvoir, affirme l’historien Tim Cook dans son ouvrage Warlords: Borden, Mackenzie King, and Canada’s World Wars.

Bien que leurs mandats aient précédé et succédé aux plus grands conflits de l’histoire, sir Robert Borden et William Lyon Mackenzie King ne furent guère inspirés en dehors des périodes 1914-1918 et 1939-1945.

« Je pense que Borden, s’il n’y avait pas eu la guerre, serait oublié aujourd’hui », précise Tim Cook, directeur par intérim de la recherche, des expositions et de l’interprétation au Musée canadien de la guerre. La guerre a fait sir Robert Borden. Elle a forgé le pays et a transformé l’homme d’État en chef de guerre.

« King avait servi plus longtemps comme premier ministre avant la guerre, mais il ne s’était pas vraiment démarqué par ses réalisations. Cette fois encore, c’est la guerre qui a fait Mackenzie King tout autant que Mackenzie King a refaçonné le Canada. »

Ni l’un ni l’autre n’était équipé pour faire face à ce qui les attendait au moment de guider le Canada dans des efforts de guerre totale. Ils étaient tous deux des civils et n’avaient quasi aucune formation militaire. « Ils étaient en dehors de leur zone de confort », explique Tim Cook. Pourtant, ils se sont tous deux montrés à la hauteur.

Borden a embrassé le rôle de chef de guerre et galvanisé un pays d’à peine huit millions d’habitants, alors que King, une génération plus tard, s’est montré davantage prudent et a résisté, jusqu’à un certain point, à l’ardeur impériale d’un pays très différent de 11,5 millions de personnes. Il a néanmoins bâti une force aérienne et une force navale impressionnantes pour appuyer les Alliés. Il a réuni une armée qui a servi de Hong Kong à la Sicile, de la Normandie à la Hollande, et jusqu’au cœur de l’Allemagne.

Borden a laissé en héritage l’impôt sur le revenu (une mesure temporaire à l’origine), le droit de vote des femmes, le Corps canadien, et « un nouveau sentiment d’identité canadienne » à mesure que le jeune dominion intervenait sur la scène mondiale.

Alors que près d’un Canadien sur 10 servait dans l’armée pendant la Seconde Guerre mondiale, King a habilement piloté le pays vers une nouvelle époque durant laquelle il s’est solidement établi comme pays nord-américain distinct résolument tourné vers l’avenir.

« Lors des deux grandes guerres, les forces combattantes du Canada ont littéralement joué dans la cours des grands et donné un nom au pays, ajoute Tim Cook. Nous en sommes sortis plus fort et plus riche, comme une moyenne puissance. »

L’ouvrage Warlords: Borden, Mackenzie King, and Canada’s World Wars, de Tim Cook, était finaliste pour le prix Charles Taylor 2013. Il est publié chez Allen Lane.

William Lyon Mackenzie King

William Lyon Mackenzie King