Don d’un uniforme d’exception

Le 28 janvier 2013

Au milieu des années 1860, le pape Pie IX lance un appel aux hommes catholiques partout sur la planète : venir à Rome défendre les terres du pape contre les armées nationalistes qui veulent unifier l’Italie. Cinq mille hommes répondent à l’appel, venus des Pays-Bas, de la Pologne, de la France, de la Belgique, de l’Irlande, de l’Angleterre, de la Prusse, des États-Unis, de l’Espagne et, pour cinq cents d’entre eux, du Québec.

Ces zouaves du pape, modelés sur l’infanterie légère de l’armée française servant en Afrique du Nord coloniale, endossèrent un uniforme qui reflétait cette origine. L’arrière-petite-fille de Jean-Baptiste Drolet a fait don de l’un de ces rares uniformes au Musée canadien de la guerre.

Les zouaves du pape qui venaient du Québec, pour la plupart jeunes et célibataires, furent recrutés partout dans la province par l’évêque de Montréal, Monseigneur Ignace Bourget, à partir de novembre 1867. On lui avait dit que s’il arrivait à lever un contingent de 500 hommes, ceux-ci pourraient former leur propre bataillon. La campagne de Monseigneur Bourget est couronnée d’un tel succès qu’on doit refuser nombre de recrues potentielles. Le bataillon du Québec est le plus grand contingent de Canadiens servant à l’étranger avant la guerre des Boers (1899-1902).

Les Canadiens se battent contre des bandits et des guérilleros dans les collines avoisinant Rome. Les combats font quelques morts. Mais l’opération est de courte durée. En septembre 1870, une grande armée italienne entre dans Rome, dépose le pape et démobilise les zouaves.

Un lien personnel avec l’histoire

À 26 ans, Jean-Baptiste Drolet retourne au Québec, où on lui accorde des terres près du village de Saint-Alexis-des-Monts, dans les Laurentides. Il est premier maître de poste et maire. Sa femme Louise donne naissance à 12 enfants. Il meurt le 15 mai 1927 à l’âge de 83 ans.

Ses descendants prirent grand soin de son uniforme, un geste inspirant pour le Musée de la guerre. « C’est le premier uniforme de zouave du pape acquis par le Musée, explique Arlène Doucette, gestionnaire des collections. Les témoignages de liens personnels avec les artefacts sont appréciés. Dans le cas de cet uniforme, c’est un descendant direct qui en a fait don. Jean-Baptiste Drolet est mentionné dans les archives de l’époque. Nous avons même une photo de lui, portant son uniforme, ce qui est visuellement inspirant. L’uniforme a un style colonial français qui le distingue des autres uniformes de notre collection. Nous sommes très reconnaissants de ce don. »