Le Canada et la Première Guerre mondiale

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Le Corps médical de l’armée canadienne (CMAC) comptait plus de 2 800 infirmières. Les infirmières militaires canadiennes détenaient le rang et recevaient le salaire d’un officier — elles étaient les premières femmes à bénéficier d’un tel traitement au sein des forces alliées. Surnommées les « Bluebirds » (oiseaux bleus) en raison de leur uniforme bleu et de leur voile blanc, les infirmières militaires du Canada ont sauvé des vies en soignant des soldats blessés et malades ainsi que des convalescents, des prisonniers de guerre et même des civils à l’occasion.

Qui étaient-elles?

Les infirmières militaires canadiennes qui voulaient s’enrôler devaient avoir obtenu un diplôme en soins infirmiers. Cette professionnalisation évitait d’enrôler des femmes peu ou pas qualifiées, comme cela avait été le cas dans le passé dans d’autres armées. À l’époque, au Canada, les infirmières militaires étaient toutes blanches, car les écoles d’infirmières ne recrutaient pas les femmes de minorités visibles. Pour être engagée dans le service infirmier du CAMC, la postulante devait être citoyenne britannique, posséder des valeurs morales exemplaires, être en bonne forme physique et être âgée entre 21 et 38 ans. L’âge moyen des infirmières militaires était de 29,9 ans, et presque toutes étaient célibataires au moment de leur enrôlement. Un grand nombre d’entre elles avaient un frère ou un père servant dans le Corps expéditionnaire canadien. Elles étaient toutes volontaires. Il n’y a jamais eu de manque de candidates. Par exemple, en janvier 1915, le CMAC a reçu 2 000 candidatures pour 75 postes à pourvoir.

Service

Des infirmières ont servi à deux reprises au sein de la Milice du Canada dans le cadre d’un contrat spécial : la Rébellion du Nord-Ouest de 1885 et la guerre d’Afrique du Sud (1899-1902). Créé avant la Première Guerre mondiale (1904), le Corps médical de l’armée canadienne possédait un service infirmier constitué de seulement cinq membres permanents au début de ce conflit. En août 1914, l’une de ces membres, le major Margaret Macdonald, une infirmière expérimentée ayant servi en Afrique du Sud, a obtenu l’autorisation de recruter 100 infirmières. Les nouvelles recrues étaient issues des principales écoles hospitalières de formation au Canada et aux États-Unis.

Bien qu’elles aient été souvent amenées à donner des soins près du front, les infirmières militaires ne travaillaient pas dans les tranchées. Lorsque les soldats blessés arrivaient par convoi de camions ou par train-hôpital, elles figuraient parmi les premières personnes à les accueillir, à leur administrer des analgésiques ou un vaccin antitétanique, à nettoyer leurs plaies et à les réconforter, ainsi qu’à leur fournir des vêtements propres et un lit où se reposer. Elles participaient aux interventions chirurgicales et, souvent, elles étaient chargées de nettoyer les plaies postopératoires et de surveiller tout signe d’infection. Chaque jour, elles soignaient des blessures, effectuaient et renouvelaient des pansements, et veillaient à ce que les plaies soient oxygénées en permanence afin de supprimer toute infection anaérobique susceptible de provoquer une mort douloureuse. Elles ont soigné aussi les soldats atteints de dysenterie, de pneumonie ou de grippe, pendant l’épidémie de grippe de 1918, des maladies qui étaient graves et souvent mortelles avant la découverte des antibiotiques et d’autres médicaments anti-infectieux. Outre le front de l’Ouest, les infirmières militaires ont servi sur plusieurs théâtres d’opérations, dont Gallipoli, l’Égypte et Salonique — des zones d’opérations qui présentaient parmi les pires conditions de guerre. Deux des leurs sont enterrées sur l’île de Lemnos, au large de Gallipoli.

Le coût

Parmi les 2 845 infirmières militaires canadiennes ayant servi outre-mer, au moins 58 sont mortes sous le feu de l’ennemi, de maladie ou en mer. En 1918, plusieurs ont été tuées dans l’exercice de leurs fonctions lors de deux bombardements d’hôpitaux du CMAC, en Europe. Le 27 juin 1918, un U‑boot allemand a torpillé et coulé le navire-hôpital Llandovery Castle, entraînant la mort des 14 infirmières présentes à bord.

Commémoration

Après la guerre, les infirmières militaires sont revenues de l’étranger avec de nouvelles compétences utiles à leur profession et un sentiment accru de légitimité. Leur travail n’était toutefois pas terminé : un grand nombre d’entre elles ont continué d’exercer leur activité professionnelle dans des hôpitaux de réadaptation auprès de milliers de soldats — dont certains ont eu besoin de soins pour le restant de leur vie. D’autres, qui ont suivi des cours afin de devenir des infirmières de la santé publique, ont joué un rôle de premier plan dans l’essor des secteurs de la santé publique et du travail social au Canada, en particulier dans les régions éloignées. Certaines se sont mariées et ont quitté leur profession, tandis qu’un petit nombre sont retournées travailler dans le milieu hospitalier en tant que superviseures ou éducatrices.

Leur rôle durant la guerre leur a valu l’affection de milliers de soldats canadiens, la reconnaissance des familles de militaires et l’estime de la population. En 1926, grâce aux fonds amassés par les infirmières militaires, un monument commémoratif a été érigé dans le Hall d’honneur du Parlement du Canada, à Ottawa, à la mémoire de leurs collègues mortes durant la guerre. Plus tard, le CMAC, rebaptisé « Corps de santé royal canadien » (CSRC), s’est vu obligé de réduire son service infirmier à 12 infirmières militaires permanentes. Ce nombre est demeuré inchangé durant les années 1920 et 1930, mais il a rapidement augmenté dès le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, lorsqu’une multitude d’infirmières canadiennes qualifiées ont répondu à l’appel sous les drapeaux.

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