Le Canada et la Première Guerre mondiale

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Des soldats de tous grades et classes rédigèrent des récits de leurs expériences du temps de guerre. Leurs journaux, lettres, récits en prose, œuvres de fiction, poèmes et mémoires constituent un patrimoine littéraire riche et varié.

Journaux et carnets de croquis

Beaucoup de combattants violaient les règlements militaires en tenant des journaux personnels, souvent tout à fait ouvertement, écrivant pendant les périodes calmes au front, la nuit ou au cours des moments de repos derrière les lignes. Les journaux consignaient les menus détails de la vie militaire quotidienne, banals ou terrifiants, et on peut souvent, grâce à eux, suivre l’évolution spectaculaire du caractère du soldat en temps de guerre, de la recrue enthousiaste au vétéran stoïque, par exemple, ou du nouveau venu sensible au survivant résigné. Certains soldats consignaient les évènements dans les moindres détails, illustrant leurs pensées de croquis ou de détails narratifs exceptionnels, tandis que d’autres passaient rapidement sur des évènements et de longues périodes. Outre des auteurs de journal intime, on trouvait dans le Corps expéditionnaire canadien un grand nombre d’artistes qui dessinaient leurs expériences.

Des centaines de journaux intimes et de collections de croquis ont survécu à la guerre, et des dizaines ont été publiés depuis. La collection du Musée canadien de la guerre en contient à elle seule plus de 250.

Lettres

Les lettres étaient le principal moyen de communication entre amis et parents au pays et soldats outre-mer. Les conditions au front limitaient souvent les possibilités d’écrire, et les censeurs militaires passaient en revue tout ce qui sortait, mais les soldats écrivirent des millions de lettres et de cartes pendant la guerre et en reçurent un nombre encore plus grand de correspondants au pays. Comme les parents et les amis conservaient souvent les lettres reçues d’outre-mer, les chercheurs d’aujourd’hui ont accès à des archives considérables et diverses portant sur les conditions au front, la vie quotidienne et les préoccupations personnelles. Il était beaucoup plus difficile pour les soldats de conserver les lettres qu’ils recevaient de chez eux, en raison des conditions du service et de la difficulté de transporter de grandes quantités de papier. Les soldats comme les civils attendaient le courrier avec impatience, et sa distribution au front était souvent un grand moment de sociabilité, les soldats se partageant nouvelles, blagues ou petits réconforts. On recevait aussi de mauvaises nouvelles – mariages rompus ou infidélités, décès ou maladie d’êtres chers, ou catastrophes locales – mais ce lien vital avec la normalité et la stabilité au pays figurait parmi les plus importants piliers du moral du soldat et du bien-être personnel.

Mémoires et histoires personnelles

À partir de la deuxième année de la guerre, des soldats et d’autres membres du service ont écrit des mémoires personnels. Certains voulaient faire œuvre d’historien, d’autres songeaient au profit à tirer d’un public affamé de nouvelles de la guerre. Plusieurs mémoires importants parurent après 1918, ainsi que quelques romans s’inspirant d’une expérience personnelle.

Frederick George Scott, poète de renom, membre de la Royal Society et aumônier pendant la guerre, publia immédiatement des mémoires classiques en 1922, The Great War as I Saw It. L’ancien combattant Will R. Bird, jeune homme des Maritimes propriétaire malheureux d’un magasin, qui s’était mérité une Médaille militaire avec le 42e bataillon, écrivit plusieurs ouvrages sur une période de près de 40 ans. Ayant reçu commande de la part de Maclean’s d’une série d’articles de magazine sur un voyage en Europe en 1931, il publia trois récits populaires pendant la Grande Crise et, en 1968, Ghosts Have Warm Hands, ouvrage encore considéré comme le meilleur livre canadien de souvenirs de guerre.

Histoires orales

Aucun programme d’histoire orale ne fut organisé pour les anciens combattants de la Première Guerre mondiale, mais des récits personnels et des entrevues avec des auteurs étayèrent de nombreux romans, publications historiques et émissions de radio. À partir des années 1960, l’approche du 50e anniversaire de la guerre suscita un intérêt général pour les mémoires historiques et les souvenirs des anciens combattants. Dans le cadre d’un important projet de la Société Radio-Canada, on enregistra et transcrivit des centaines d’entrevues, archives qui figurent toujours, plus de trente ans plus tard, parmi les meilleures collections orales de la guerre.

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