Le Musée canadien de la guerre dévoile le célèbre trio de Croix de Victoria

Le 5 novembre 2012

Ottawa (Ontario), Le 5 novembre 2012 – La collection formée par trois magnifiques Croix de Victoria décernées durant la Première Guerre mondiale à des résidants de la rue Pine, à Winnipeg, rebaptisée par la suite Valour Road (« chemin de la Bravoure ») en leur honneur, a été dévoilée aujourd’hui au Musée canadien de la guerre. 

L’acquisition récente de la médaille remise en 1915 à Fredrerick William Hall, sergent-major de compagnie, a permis de compléter cet extraordinaire trio. En 2009 et en 2010, le Musée de la guerre avait acquis les Croix de Victoria du lieutenant Robert Shankland et du caporal Lionel B. Clarke, qui habitaient tous deux Valour Road. 

La Croix de Victoria, qui existe depuis 156 ans, n’a été décernée qu’à 96 Canadiens. Quelle coïncidence que trois d’entre eux aient habité la même rue! Avec l’acquisition de la Croix de Victoria du sergent-major Hall, le Musée canadien de la guerre compte désormais dans sa collection 33 Croix de Victoria, dont l’une date du xixe siècle, 28 de la Première Guerre mondiale et 4 de la Seconde Guerre mondiale.

« Valour Road est remarquable parce que trois de ses résidants se sont vus décerner cette médaille renommée qui récompense la bravoure, a déclaré Mark O’Neill, président-directeur général de la Société du Musée canadien des civilisations, qui gère le Musée canadien de la guerre. Les trois récipiendaires ont été honorés pour des actes héroïques accomplis lors de batailles distinctes survenues à des moments différents, mais ils habitaient tous le même pâté de maisons. Ces médailles forment un tout, dont la pérennité doit être préservée au nom de tous les Canadiens. »

Le trio de médailles fera désormais partie de l’exposition permanente présentée dans le salon d’honneur de la Légion royale canadienne. En 2014, ce célèbre trio de Croix de Victoria sera prêté au Manitoba Museum de Winnipeg dans le cadre d’une exposition soulignant le rôle du régiment des Winnipeg Riffles et celui des Queen’s Own Cameron Highlanders, durant la Première Guerre mondiale.

« Notre gouvernement est heureux que ce récit extraordinaire soit présenté au Musée de la guerre ainsi que dans d’autres musées et institutions au pays, a déclaré le ministre Moore. À l’approche du 150e anniversaire du Canada en 2017, continuons à célébrer tout ce qui a fait du Canada d’aujourd’hui un pays uni, prospère et libre. »

La Croix de Victoria, instituée durant le règne de la reine Victoria, demeure à ce jour la plus haute distinction militaire pour bravoure octroyée en Grande-Bretagne et dans presque tout le Commonwealth, dont le Canada. Mais nous avons également créé notre propre version de la Croix de Victoria en 1993. Cette récompense est décernée « pour reconnaître des actes de bravoure ou d’abnégation insignes, ou le dévouement ultime au devoir, face à l’ennemi ». 

Le sergent-major de compagnie Frederick William Hall a reçu cette médaille pour ses faits d’armes durant la deuxième bataille d’Ypres, tristement célèbre comme lieu de la première attaque allemande au gaz sur le front occidental. Frederick Hall fut mortellement touché par une balle au front lors d’une longue et courageuse tentative visant à secourir un camarade blessé. La décoration posthume fut présentée à sa mère, et des membres de la famille ont fait don de la médaille au Musée canadien de la guerre. Le caporal Clarke a reçu sa médaille pour la bravoure dont il a fait preuve devant l’ennemi sur le front de la Somme, le 9 septembre 1916; et le lieutenant Shankland a reçu cette distinction en reconnaissance de ses actes héroïques lors de la bataille de Passchendaele, en octobre 1917.

Le Musée canadien de la guerre est le musée national d’histoire militaire au Canada. Il a pour mission de faire comprendre au grand public l’histoire militaire du Canada dans ses dimensions individuelles, nationales et internationales.

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Renseignements (médias) :

Yasmine Mingay
Gestionnaire, Affaires publiques
Musée canadien de la guerre
Téléphone : 819-776-8608
yasmine.mingay@museedelaguerre.ca

Avra Gibbs Lamey
Agente des communications et des relations médias
Musée canadien de la guerre
Téléphone : 819-776-8607
avra.gibbs-lamey@museedelaguerre.ca

DOCUMENT D’INFORMATION :

La Croix de Victoria et les héros de Valour Road

La Croix de Victoria a été instituée le 5 février 1856 et décernée pour la première fois à des héros de la guerre de Crimée (1854‑1856). Elle constitue la plus haute distinction pour bravoure militaire du Commonwealth britannique.

Depuis sa création, la Croix de Victoria a été remise à 96 Canadiens (nés au Canada ou membres de l’Armée canadienne). Dix de ces médailles ont été décernées pour des actes de bravoure accomplis à la fin du xixe siècle et durant la guerre d’Afrique du Sud (1899‑1902), 70 pour des actes de bravoure accomplis durant la Première Guerre mondiale (1914‑1918) et 16 pour des actes de bravoure accomplis durant la Seconde Guerre mondiale (1939‑1945). Aucune Croix de Victoria n’a été décernée à des Canadiens durant l’après-guerre.

L’attribution de la Croix de Victoria à des Canadiens a pris fin lorsque le Canada a instauré ses propres distinctions pour actes de bravoure à la fin des années 1960 et au début des années 1970. Cependant, une version entièrement canadienne de la Croix de Victoria a été créée en 1993; elle est devenue la plus haute distinction remise par le Canada pour actes de bravoure devant l’ennemi. Elle est identique à la médaille britannique, à l’exclusion des mots For Valour (pour bravoure), qui ont été remplacés par l’expression latine Pro Valore. La Croix de Victoria canadienne n’a à ce jour jamais été décernée.

Les héros de Valour Road

Sur les 70 Croix de Victoria remises à des Canadiens durant la Première Guerre mondiale, trois ont été octroyées à des résidants du même pâté de maisons de la même rue résidentielle, au 700 de la rue Pine, à Winnipeg. En reconnaissance de leur courage, la Ville a rebaptisé la rue en 1925, qui s’appelle désormais Valour Road (« chemin de la Bravoure »).

Ces trois hommes d’âge différent ont servi dans des unités militaires différentes et ont été reconnus pour leur héroïsme lors de différentes batailles. La nature de leurs liens d’avant-guerre – si liens il y a eu – est inconnue. Mais le fait que trois Croix de Victoria aient été décernées aux résidants d’une même rue constitue une coïncidence exceptionnelle, unique au monde.

Frederick William Hall

Frederick William Hall est né à Kilkenny, en Irlande, en 1885. Ancien combattant de l’armée britannique, il émigre au Canada avec d’autres membres de sa famille quelques années avant le déclenchement de la Première Guerre mondiale. Commis à l’expédition à Winnipeg, il s’enrôle dans le 8e bataillon d’infanterie canadien en septembre 1914.

Sept mois plus tard, son bataillon participe, sur le front occidental, à la défense du saillant d’Ypres, protubérance isolée au milieu des lignes allemandes près de la ville d’Ypres, en Belgique. Le saillant revêt alors une importance stratégique, au carrefour des routes de communication et des voies d’accès vers deux ports de la Manche, Calais et Dunkerque.

C’est ainsi que son bataillon se trouve, le 22 avril 1915, parmi les forces alliées enveloppées d’un nuage de gaz dans ce qui fut la première attaque au gaz sur le front occidental. Les Allemands attaquent de nouveau le soir suivant, avec l’artillerie et un deuxième nuage de chlore gazeux. L’ordre est donné à la compagnie de F. W. Hall de changer de tranchée, ce qui expose les hommes aux tirs ennemis pendant qu’ils traversent un talus. Arrivé au nouvel emplacement, le sergent-major de compagnie Hall constate que deux hommes sous son commandement manquent à l’appel. Il quitte la tranchée, retrouve dans le noir les deux hommes blessés et les ramène à l’abri.

Le lendemain matin, 24 avril, il entend les cris et les gémissements d’un autre homme blessé et organise une équipe de secours formée de deux volontaires de sa compagnie. Les deux volontaires sont blessés durant leur tentative et F. W. Hall les ramène à l’abri. Il décide à ce moment de tenter lui-même l’opération. Alors que les balles ennemies font voler le sol autour de lui, il atteint le soldat blessé. Pendant qu’il cherche à le soulever, le sergent-major Hall est mortellement touché au front par une balle ennemie. Le soldat qu’il tentait de sauver fut aussi tué.

Pour ses actes héroïques, le sergent-major de compagnie Hall fut recommandé pour la Croix de Victoria. La médaille fut remise à sa mère, Madame Mary Ann Hall, qui résidait à Winnipeg en compagnie des deux sœurs de Frederick.

Lionel B. (« Leo ») Clarke

Leo Clarke est né à Waterdown, en Ontario, en 1892, mais sa famille s’installe par la suite à Winnipeg. Il est arpenteur de chemin de fer en Saskatchewan lorsque la Première Guerre mondiale éclate; il regagne alors Winnipeg pour s’enrôler dans le 27e bataillon. Il se fait par la suite transféré au 2e bataillon de la 1re division canadienne, où servait déjà son frère Charles.

Leo Clarke se porte volontaire pour la constitution d’un peloton de bombardement spécialisé dans le maniement et l’utilisation de grenades. Soutenu par des hommes équipés de baïonnettes, le bataillon est chargé de libérer les tranchées ennemies par des combats rapprochés. Le 9 septembre 1916, le caporal Clarke et son peloton se trouvent sur le front de la Somme. Ils doivent libérer une section de tranchées ennemies et y ériger un mur de terre et de sacs de sable pour prévenir toute contre-attaque. Clarke mène un petit groupe d’hommes dans une partie de la tranchée pendant que d’autres Canadiens commencent à ériger le mur. Le combat que doit alors affronter le groupe dirigé par Leo Clarke est si violent que tous ses camarades sont bientôt morts ou blessés. Environ vingt soldats allemands, dirigés par deux officiers, lancent ensuite une contre-attaque. Le caporal Clarke érige et défend son propre mur improvisé. À la fin du combat, au cours duquel il fut blessé d’un coup de baïonnette à la jambe, Clarke avait capturé ou tué tous ses attaquants.

Pour cette bravoure devant l’ennemi, Leo Clarke a reçu la Croix de Victoria. Malheureusement, il n’a pu lui-même récolter cet honneur. Près de deux mois après cette remarquable démonstration d’héroïsme, il est tué par des tirs d’obus ennemis. La médaille est remise à titre posthume à son père, au cours d’une cérémonie tenue à Winnipeg.

Robert Shankland

Né à Ayr, en Écosse, en 1887, Robert Shankland immigre au Canada en 1910 et occupe le poste de caissier dans une laiterie de Winnipeg. Il s’enrôle dans le 43e bataillon d’infanterie canadien (Cameron Highlanders of Canada) en décembre 1914.  

La Croix de Victoria décernée en octobre 1917 à Robert Shankland souligne ses actes de bravoure durant la bataille de Passchendaele. Shankland est alors lieutenant dans le 43e bataillon. Au premier jour de la bataille, le matin du 26 octobre, Robert Shankland dirige son peloton de la compagnie D jusqu’au sommet d’une colline qui surplombe les tranchées ennemies, sur l’éperon de Bellevue. À sa droite se trouvent des unités du 58e bataillon et à sa gauche, des troupes de la 8e brigade.

Quand les Canadiens se lancent à l’assaut, la compagnie B du 43e bataillon capture l’éperon de Bellevue, mais le 58bataillon doit se retirer en raison des tirs nourris de l’ennemi, laissant Shankland et son peloton de la compagnie D exposés sur le flanc droit. Par la suite, le flanc gauche doit aussi se retirer, exposant encore davantage les troupes du lt Shankland. Celles-ci affrontent pendant quatre heures les tirs ennemis et la contre-attaque allemande, subissant de lourdes pertes. Confronté à la nécessité d’obtenir des renforts, Robert Shankland franchit le chemin périlleux qui le sépare du poste de commandement de son bataillon, où il fournit un rapport détaillé de la situation et un plan de contre-attaque. Il rejoint ensuite ses hommes, qui sont bientôt soutenus par les soldats des 52e et 58bataillons. Pour les faits d’armes accomplis ce jour-là, Robert Shankland reçoit la Croix de Victoria, en reconnaissance de son leadership et de son courage.

Robert Shankland est le seul des trois récipiendaires de la Croix de Victoria de Valour Road à avoir survécu à la guerre.

[ fin ]