Paysage tragique  CWM/MCG 12219

Paysage tragique

La genèse de ce paysage se trouve dans un certain nombre d'esquisses, d'études et d'aquarelles, dont différentes parties ont été réunies pour constituer la peinture définitive. (Voir les esquisses)

Prisonniers épuisés, peinture à l'huile de 76 sur 102 cm, confirme le rôle important du processus de création dans la genèse de l'oeuvre d'art militaire. Neuf dessins sont associés à cette composition : six représentent les figures des prisonniers, seules ou en groupe, deux ont pour sujet la pièce d'artillerie de l'arrière-plan, et une, Voitures blindées à Nimègue, montre les ruines de l'arrière-plan et, chose intéressante, le véhicule que l'on voit à droite au premier plan de Le pont de Nimègue.

Prisonniers épuisés CWM/MCG 12152 Voitures blindées à Nimègue CWM/MCG 12114
Prisonniers épuisés Voitures blindées à Nimègue

L'aquarelle intitulée Le pont de Londres s'oppose de façon absolue à l'élaboration de ces grandes peintures à l'huile. Cette oeuvre est une composition autonome qui n'a jamais donné lieu à une peinture à l'huile. Les quelques lignes éparses du dessin préliminaire montrent que Colville pouvait saisir et rendre tout le contenu d'une composition définitive en quelques minutes.

Le pont de Londres CWM/MCG 12177 Esquisse pour Le pont de Londres CWM/MCG 82237
Le pont de Londres Esquisse pour Le pont de Londres

Coupe de bois près de Nimègue  CWM/MCG 82457

Coupe de bois près de Nimègue

Dans l'aquarelle intitulée Coupe de bois près de Nimègue, il est manifeste, sur la base des études, que l'équilibre de la composition était une question qui préoccupait l'artiste. Le groupe figuratif de gauche, le véhicule, à droite, et les éléments de base du paysage sont redisposés trois fois dans des esquisses dessinées rapidement qui figurent dans la collection du Musée. (Voir les esquisses)

L'absence de toute peinture à l'huile associée à ces deux oeuvres donne à penser que l'artiste n'a rien trouvé d'autre à dire sur ces sujets et a choisi de ne pas les développer. Tous les dessins des années de guerre ne lui ont pas fourni l'inspiration nécessaire pour réaliser des peintures à l'huile. Et c'est par l'huile que Colville a manifestement pu cesser de simplement consigner ce qu'il voyait (comme dans Le pont de Londres) pour en saisir la signification et être en mesure d'utiliser ses ressources artistiques et imaginatives pour le rendre dans une toile (comme dans Fantassins près de Nimègue). Non pas que Le pont de Londres ou Coupe de bois près de Nimègue ne soient pas de bonnes peintures, mais leurs sujets n'ont pas été métamorphosés par la vision de l'artiste.

Colville admet que tous les sujets ne peuvent donner de grandes peintures. Parfois le sujet même est limité, et parfois l'artiste sent lui-même qu'il ne peut le mettre en valeur. Dans une récente entrevue à CBC, Colville a admis avoir été accablé par ce qu'il avait vu à Belsen et ne pas s'être senti capable de traiter convenablement dans la peinture l'indicible horreur de cette vision.

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