Une armée de tricoteuses en soutien à l’effort de guerre

Le 10 mars 2014

C’est notamment en tricotant des vêtements pour les soldats, les marins et les aviateurs que les femmes ont apporté leur contribution pendant la Seconde Guerre mondiale. Pour les Canadiennes restées au pays, le tricot représentait une façon de se sentir liées aux combattants et de contribuer concrètement à la victoire.

Le tricot était d’ailleurs accessible à toutes, quel que soit leur niveau d’aptitude : les débutantes se faisaient la main avec des écharpes ou des bandages, et les plus expérimentées tricotaient des gants et des chaussettes.

Dans le cadre des mesures de contrôle de la qualité mises en œuvre par la Société canadienne de la Croix-Rouge, certaines tricoteuses avaient pour tâche de corriger les erreurs des autres, comme dans le cas des chaussettes qui avaient des nœuds aux talons. « Je ne voulais même pas imaginer à quoi auraient l’air les pieds du pauvre garçon qui allait porter de telles chaussettes », confiait une bénévole de la Croix-Rouge dans un article du Globe and Mail publié en 1944. « Je les détricotais, puis je recommençais le tricot. »

En février 1940, la Croix-Rouge publiait la première brochure d’une série intitulée Knitting Instructions for War Work (Instructions sur les articles tricotés pour la guerre), dans laquelle se trouvait la liste du matériel nécessaire, et des modèles, types de laine et couleurs à utiliser.

Cette brochure comprenait également les instructions relatives à certains vêtements requis dans les différentes divisions des Forces armées. L’Armée de terre avait notamment besoin de chaussettes particulières, de chaussettes de nuit, de protège-coudes et de protège-poignets. Certaines moufles devaient se prêter au maniement du fusil et être conçues pour libérer le doigt de la détente. Des modèles de tricot se portaient sur la tête, sous les casques de métal. Certaines instructions concernaient les bas pour les marins, les bas longs ou les casques d’aviateurs.

En mai 1941, la Croix-Rouge publiait une quatrième série de modèles de tricot, celle-là à l’intention des travailleurs de la protection civile. Cette brochure, ainsi que d’autres documents canadiens relatifs à cette période, fait partie de la collection du Musée de la guerre qui appartenait à Margaret McGuire d’Elmvale, en Ontario.

Les modèles de la Croix-Rouge ont été reproduits encore et encore par diverses entreprises, dont les fabricants de savons Lux et de laine Monarch. En 1941, une publication de Monarch décrivait « […] les efforts déployés par l’industrie pour joindre pratiquement chaque foyer – en mobilisant la quasi-totalité de la gent féminine – afin de hâter le rétablissement de la paix ».

Cette affirmation n’avait rien d’une exagération : au lendemain de la guerre, la Croix-Rouge estimait que quelque 750 000 femmes avaient confectionné au bas mot 50 millions de pièces de vêtements. Manifestement, c’est une véritable armée qui s’est activée au pays pour prendre part à sa façon à la victoire.