Un amour cousu main

Le 26 février 2010

La guerre peut-elle engendrer l’amour? En fouillant un peu, on découvre, ici et là, des histoires touchantes; certaines sont passagères, d’autres traversent l’espace et le temps. L’une d’entre elles s’est même rendue, près de 60 ans plus tard, jusqu’au Musée canadien de la guerre. Voici la grande aventure d’un tout petit manteau.

Il était une fois…

1941. Dans la petite ville de Olds, en Alberta, le téméraire Bob Elliott, 15 ans, scelle son destin : pour suivre ses frères au front, il ment sur son âge et est recruté par l’Armée canadienne. En 1944, il se retrouve aux Pays-Bas, défendant les lignes alliées. Les hostilités de la guerre et la misère des populations civiles ébranlent le jeune Canadien, mais celle qu’il rencontre au cœur des combats le touchera plus encore.

Sussie Cretier, 10 ans, fillette audacieuse issue d’une famille de résistants néerlandais, déborde d’admiration pour ces soldats canadiens venus défendre sa patrie. Elle se lie avec eux et sa présence, ses chansons et ses rires mettent un baume sur la difficile réalité de Bob et de ses camarades. Presque aussi téméraire qu’eux, Sussie gagne le droit de monter sur le canon automoteur, même en période de combats : elle devient leur porte-bonheur.

En échange de sa joie de vivre, les Canadiens lui offrent chocolat et gomme à mâcher, véritables trésors qu’elle rapporte fièrement à la maison. Car sa famille, comme l’ensemble de la population, vit dans la plus grande misère : la faim et le froid façonnent le quotidien au cœur d’une guerre qui n’en finit plus. Mais nos hommes ne sont pas à court de ressources : Noël venu, Bob demande à une couturière du village de confectionner un petit manteau de style militaire dans une couverture grise de l’Armée canadienne. Chaque soldat offre un bouton de son uniforme pour donner au vêtement tout son panache. Sussie ne se fait pas prier pour remiser son vieux manteau usé et revêt fièrement cette tunique militaire, symbole du dévouement et de la loyauté de ses amis canadiens.

La guerre finie, la vie reprend ses droits, et chacun rentre chez soi. Bob, comme Sussie, se marie et fonde une famille. Un mot de temps en temps garde en veilleuse le souvenir du temps passé.

Et ils vécurent heureux…

1981. Les parents Cretier, célébrent leur 50e anniversaire de mariage et invitent leur ami canadien à prendre part à la fête. Bob Elliott, récemment séparé, voit là l’occasion de se changer les idées. Sussie étant elle aussi libre de son union passée offre à Bob de lui faire visiter son pays. Au fil des jours, les sentiments fraternels qui les unissent se transforment en amour. Ils se marient en 1984 et partagent maintenant leur retraite entre Edmonton et les Pays-Bas, poursuivant le lien fort qui unit les deux pays.

Et le petit manteau gris, vous demandez-vous? Sussie l’ayant précieusement conservé tout au long de sa vie, acceptera qu’il soit exposé à la Légion royale canadienne de Olds. Le fragile vêtement y attirera l’attention, au point d’inciter l’auteur saskatchewanais Alan Buick à en tirer un livre : The Little Coat : The Bob and Sue Elliott Story. Devant tant d’intérêt, les Elliott décident finalement d’en faire don au Musée canadien de la guerre, en mémoire du dur combat pour la liberté. Un dur combat, oui, mais qui pour eux fut aussi source d’entraide, d’espoir…et d’amour.

Faites durer le plaisir

Procurez-vous le livre d’Alan Buick, The Little Coat : the Bob and Sue Elliott Story, en vente à la Boutique du Musée canadien de la guerre et à la Cyberboutique. Pour chaque livre vendu, 1 $ sera remis à la Légion royale canadienne.