Toute une vie…sur eBay

Visiter un musée, c’est entrer en contact avec une foule d’artefacts, témoins de notre passé lointain ou récent, chaque objet ayant été choisi pour sa valeur historique ou artistique. On s’étonne, on s’extasie, on s’émeut. Mais on ne sait pas toujours comment ces « morceaux d’histoire » ce sont retrouvés là. Fouilles archéologiques, dons et encans sont des sources traditionnelles d’acquisition, mais dans notre monde toujours plus enclin aux échanges virtuels, voici qu’un nouveau venu s’ajoute à la liste : Internet.

Une mine d’or dans le cyberespace

Pour travailler dans un musée, on s’en doute, il faut être passionné. Cette passion, Jim Whitham, gestionnaire intérimaire des collections au Musée canadien de la guerre, la transporte souvent à la maison où, par temps perdu, il navigue sur eBay : et si les encans en ligne recélaient des trésors?

C’est ainsi qu’en septembre dernier, il est tombé sur une annonce intrigante : un spécialiste de Seattle mettait en vente une caisse de documents divers ayant appartenu à un soldat canadien émigré aux États-Unis. En quelques clics de souris s’est alors étalé devant ses yeux un véritable tableau historique : photos, carnets, uniformes, cartes postales du front et quelque 200 lettres qu’un soldat canadien, John R. Clark, avait échangées avec sa fiancée. Bref, le récit d’une vie dans le tumulte de la Première Guerre mondiale.

Sauver son patrimoine

Immigrant écossais, c’est en Colombie-Britannique que John R. Clark s’est engagé dans la 13ème Ambulance de campagne en juillet 1915. À travers les lettres qu’il envoyait à Eva Auchinachie, sa fiancée, il trace un portrait intimiste de la vie des militaires, de l’entraînement au camp Vernon jusqu’au quotidien au front, en France. Devenus citoyens américains en 1932, les Clark ont poursuivi leur histoire d’amour sur près de 60 ans.

L’annonce sur eBay a attiré plus de 5 000 visites, mais la perspicacité de Jim Whitham a permis au Musée de remporter la mise. Et devant la richesse de cette collection qui n’a pas encore fini de révéler tous ses secrets, il est permis de croire que M. Whitham poursuivra son aventure dans le cyberespace, mettant à profit les avancées technologiques pour écrire d’autres pages de notre passé.