Le pouvoir de transformation de la guerre

Le 10 mars 2014

La guerre transforme les gens, change leurs perceptions du monde. Voilà qui est une fois de plus évident dans Transformations – A. Y. Jackson et Otto Dix, une exposition originale qui explore l’évolution de deux artistes très différents qui ont servi durant la Première Guerre mondiale. On se souvient de Jackson, membre fondateur du Groupe des sept, comme d’un peintre ayant signé des paysages emblématiques du Canada. Pour sa part, Dix, expressionniste allemand, a longtemps été considéré comme un « dégénéré » en raison de ses froides représentations de personnes blessées, de la violence, de la mort.

L’exposition est composée de plus de 70 paysages ― toiles, dessins et estampes ― présentés en ordre chronologique et répartis en cinq volets : les débuts des deux peintres, les toiles réalisées pendant les deux guerres mondiales, celles de l’entre-guerre, puis les œuvres d’années subséquentes.

« Voir les œuvres côte à côte est une expérience puissante, note James Whitham, directeur général du Musée canadien de la guerre. Il est fascinant de voir comment chaque artiste a traduit son expérience au front en des paysages qui ne sont pas nécessairement associés à la guerre. Le sens profond des œuvres ainsi que le rapport avec l’identité nationale émergent pleinement lorsque les œuvres sont replacées dans leur contexte culturel et social respectif. »

Les œuvres de guerre des deux artistes illustrent la destruction que causent les conflits ― les arbres dénudés et les trous d’obus de Jackson, les tranchées abandonnées de Dix, où gisent les dépouilles de soldats. Si Dix a illustre froidement l’horreur de la guerre, Jackson choisit une approche plus réfléchie.

Après la Première Guerre mondiale, Jackson déplace ses arbres morts pour les camper dans des paysages sauvages, où la régénération naturelle sert de métaphore au renouvellement du Canada et à l’émergence d’une identité nationale forte. Subtilement, Dix a remanié ses scènes de tranchées morbides en des paysages d’apparence bucolique, parsemés toutefois d’une végétation en décomposition, symbole d’une Allemagne affaiblie par le national-socialisme.

Au cours de la Seconde Guerre mondiale et après, Dix, dénoncé par le régime nazi pour ses œuvres subversives, continue d’exprimer son profond pessimisme à l’égard de l’Allemagne par ces paysages sombres empreints de mélancolie, qui demeurent peu connus. Plus tard, ses premières œuvres figuratives lui permettront de recouvrer sa réputation à titre d’artiste important. Quant à Jackson, sa réputation reste intacte en raison de son association avec le fameux Groupe des sept et la popularité de ses paysages du Canada.

Transformations – A. Y. Jackson et Otto Dix, une réalisation du Musée canadien de la guerre, avec un généreux appui du Musée des beaux-arts du Canada, sera à l’affiche du 10 avril au 21 septembre 2014.

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